Kaani Blog

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Imaginaires plurilingues

Notes sur les questions des diversité des langues et des mémoires plurielles en marge de la réalisation du projet documentaire « Les Mots voyageurs ».

2022 – des mots et des sons

« On me parle encore de la langue qu’il me manque. La langue du français. C’est pour elle que je dois y aller. Je dois retourner à la materneltchik pour qu’elle me pousse. Tu la chanteras comme un oiseau, tu verras (…).

Quelles pensées agitent un enfant qui doit apprendre une nouvelle langue à l’école ? Quand ses propres mots disparaissent pour devenir, à l’écoute des autres, des sons privés de sens et qu’il faut décrypter de nouveaux sons formés par une autre langue ?
Et que faire des confusions : « Il semblerait que si je dis Sava ? L’autre va comprendre que je demande comment il se porte. Et si je dis Sava ! on comprendra que je vais bien. Je ne sais pas pourquoi. À Moscou, « sava » veut dire « hibou ». Je ne sais pas pourquoi ici il faut dire « hibou » pour se donner des nouvelles. »

Le point de départ du roman de Polina Panassenko, « Tenir sa langue » (publié aux Editions de l’Olivier) est sa quête judiciaire pour se réapproprier le prénom russe que lui avaient donné ses parents. Puis, l’auteure se plonge dans le puzzle de ses souvenirs d’enfant de l’URSS à la France. Parmi les morceaux à recomposer, il y a ceux du passage d’une langue à une autre, formidablement retranscrits par l’auteure.